La face du destin de Florent AÏKPE possède une portée sociologique évidente, une dimension philosophique atypique et une valeur littéraire incontestable.
La face du destin est un roman à la fois tragique et pathétique. L’examen des péripéties du personnage principal, Coovi, à travers l’enchaînement globalement linéaire du récit, nous conduit depuis le village Minkou — après qu’il a enfreint les traditions avec sa colombe Assiba — vers un long parcours. De ce village, source de l’aventure de Coovi, aux villages voisins, des mains tendues, en passant par la ville jusqu’à la chute au champ du vieux Dagbéboua, on observe une résilience constante de ce personnage, pourtant visiblement brisé aux yeux des hommes qu’il côtoie.
Poursuivi par son destin, Coovi n’a jamais connu la paix avec sa bien-aimée, jusqu’au moment fatidique où, après une accalmie psychologique, il retrouve enfin sa compagne et son fils Tadégla. Mais tout bascule lorsqu’il décide de retourner en ville pour mener une vie heureuse. Ce bonheur conjugal ne se réalisera pas. Un braquage emporte sa femme, et lui-même en ressort avec un bras amputé.
La tradition, l’amour, la résilience, l’amitié, le destin, la méchanceté… sont autant de thèmes fédérateurs qui traversent ce chef-d’œuvre.
Sur le plan narratif, la Partie I présente Coovi comme narrateur homodiégétique, tandis que, dans la Partie II, c’est Épimaque qui entame le récit dans les premiers chapitres avant de disparaître de l’action, laissant de nouveau la parole à Coovi.
Ce roman se veut un véritable bréviaire pour la jeunesse, où l’histoire de Coovi devrait instruire et inspirer plus d’un.
On y retrouve une interculturalité marquée par des interférences issues de la littérature africaine, notamment :
- Un piège sans fin de Olympe Bhêly-Quenum
- Les tresseurs de corde de Jean Pliya
- La marmite de Koka M’bala de Guy Menga
- etc.
En résumé, La face du destin de Florent AÏKPE possède une portée sociologique évidente, une dimension philosophique atypique et une valeur littéraire incontestable.
Joël Francis ALOVOHEZE, Professeur de français des lycées et collèges du Bénin
